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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 21:06

Dans le cadre de l'étude du conte, les élèves de 6°3 devaient imaginer et rédiger un conte entier dont seul l'élément perturbateur (encadré) était donné (texte inspiré des frères Grimm). Voici l'excellent et vertigineux récit d'Elmo:

 

LA CLE D'OR

Il était une fois dans une immense forêt, un jeune garçon qui vivait avec sa mère, son père et ses deux frères. Comme ils étaient très pauvres, tous devaient travailler.

Par un jour d’hiver, la terre étant couverte d’une épaisse couche de neige, le pauvre garçon dut sortir pour aller chercher du bois en traîneau. Quand il eut ramassé le bois et chargé le traîneau, il était tellement gelé qu’il ne voulut pas rentrer chez lui tout de suite, mais faire du feu pour se réchauffer un peu d’abord. Il balaya la neige, et tout en raclant ainsi le sol, il trouva une petite clé d’or. Croyant que là où était la clé, il devait y avoir aussi la serrure, il creusa la terre et trouva une cassette de fer. « Pourvu que la clé aille ! pensa-t-il, la cassette contient sûrement des choses précieuses. » Il chercha, mais il ne vit pas le moindre trou de serrure ; enfin il en découvrit  un, mais si petit que c’est tout juste si on le voyait. Il essaya la clé, elle allait parfaitement. Puis il la tourna une fois dans la serrure…

Il ouvrit la cassette et découvrit avec stupeur un autre coffre près duquel se trouvait une clé. Il chercha de nouveau la serrure et ouvrit le coffre qui en contenait un autre, et une autre clé. Mordu par une curiosité grandissante, il ne pouvait s'empêcher de répéter cette même action encore et encore: il ouvrit des coffrets de plus en plus petits avec des clés de plus en plus minuscules qu'il insérait dans des serrures de plus en plus introuvables.

Le temps passait, la température chutait mais il persistait, manipulant de ses doigts raidis les objets mystérieux qui ne semblaient jamais délivrer leur secret. Inconscient de la tempête de neige qui sévissait autour et de l'engourdissement qui saisissait peu à peu tout son être, il était obnubilé par l'idée de la découverte ultime qui, semblait-il, allait lui donner toutes les réponses à ses questions d'enfant.

Il ouvrit précautieusement un minuscule coffret et à l'intérieur: le vide.

Il était parvenu au bout de sa quête fébrile et n'avait découvert que le néant!

Il ressentit alors une légèreté  nouvelle dans son corps, comme il ne l'avait jamais ressentie de toute sa courte vie. Une étrange et enivrante sensation d'immatérialité, comme si la matière perdait de sa substance, l'impression que l'on pouvait passer au travers, comme si la gravité cessait d'exercer sa force. Plus de pression sous ses jambes et ses genoux qui étaient restés pliés si longtemps.

A présent, il flottait au-dessus du sol... Peut-être pouvait-il s'envoler si le cœur lui en disait? Il baissa le regard et aperçut une chose rabougrie, grisâtre et recroquevillée. Finalement il se rendit compte que c'était son propre corps qui gisait inerte, là, au-dessous de lui.

Il éprouva une certaine tendresse pour ce corps qui avait été le sien pendant quelques années mais surtout un détachement grandissant vis à vis d'une enveloppe vide qui ne lui servirait plus à rien.

Il fallait passer à autre chose, à l'étape suivante, celle qui commençait par l'ascension de son être vers une autre réalité.

Celle de l'apprentissage du fonctionnement de ce nouveau corps beaucoup plus subtil et délicat à manœuvrer, mais dotés de qualités extraordinaires comme celles de se mouvoir instantanément d'un point à un autre de l'espace et du temps.

Ce jeune garçon que l'on renomma Icare avait, à sa manière, découvert la sauce de la vérité et de la réalité.

De grands mages, de grands sages mais aussi divers élémentaux de la nature se rallièrent en une confrérie qui s'était donné pour mission d'éduquer le jeune Icare pour vivre en harmonie avec son corps et son nouvel environnement. Car il avait encore un long chemin à parcourir pour réaliser son être et sa mission en cette dimension nouvelle.

 

Pendant ce temps-là, ses parents et ses frères découvrirent le corps raide et desséché comme un bout de bois et le ramenèrent en pleurs, pour l'enterrer près de leur maison familiale.

Pourtant, un des frères, l'aîné, découvrit au milieu du poing serré du moribond une minuscule clé d'or qui longtemps lui ôta le sommeil tant il la trouvait étrange et sans but.

Un jour peut-être, il retrouverait le coffre qui correspondait à cette clé et lui aussi découvrirait des secrets primordiaux.

 

 

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